HMS Victory

 

Amiral Nelson

 Capt. Thomas Hardy

  

 

 

 

 Vaisseau de 1er rang de 110 canons, 56 mètres de long, 15.8 mètres de large, 7.44  mètres de tirant d'eau,  3556 tonnes de déplacement, 850 hommes d'équipage. Armement: 2 caronades de 68 livres, 6 caronades de 18 livres, 30 canons de 32 livres, 28 canons de 24 livres, 30 canons de 12 livres, et 14 canons de 6 livres, construit à Chatham d'après un dessin de Sir Thomas Slade le  HMS Victory est lancé en 1765 et commissionné en1778. 

 

 1h. P.M. : Le Victory coupe la ligne alliée

Le Victory, avance lentement à portée de tir de la ligne ennemie. A midi 20, à peu près 20 minutes après l’ouverture du feu du Fougueux sur le Royal-Sovereign, et 10 minutes après que ce dernier soit passé sur l’arrière du Santa-Ana, le Bucentaure tire une première volée sur le  Victory.

 

► Cinq minutes après, une deuxième volée est tirée, trop longue cette fois, le Victory se trouvant alors à un mile de distance. Une troisième volée suit  presque immédiatement qui passe au dessus du navire. Une ou deux autres font de même, jusqu’à ce qu'un tir frappe le perroquet du grand mat du Victory. Une minute ou deux de silence suivent et puis au signal de l’Amiral français, le Héros, le Santissima Trinidad, le Redoutable, le Neptune ouvrent le feu sur l'Amiral anglais.

 

► Depuis le commencement du tir le vent est tombé. Le Victory progresse lentement vers l’intervalle entre le Santissima Trinidad et le Bucentaure, qui soutenus par le Redoutable maintiennent un feu intense, mais imprécis. Le commandant du Redoutable fait d’ailleurs monter ses chefs de pièce sur le pont pour leur montrer qu’ils tirent trop bas.

► Comme il est à moins de 500 mètres par le travers bâbord du Bucentaure , le petit mat de hune du Victory est fracassé au niveau des deux tiers, un autre tir endommage le gouvernail, et le navire doit être dirigé de la Sainte-barbe. A peine deux minutes se passent, avant qu’un autre tir ne tue huit marines sur le gaillard d’arrière et n’en blesse plusieurs autres. L’amiral ordonne au Capitaine Adair de disperser ses hommes, et de les faire se coucher.

► Le capitaine Lucas, commandant du Redoutable, voyant le danger auquel était exposé le vaisseau amiral par l'éloignement de son matelot arrière, le Neptune, force de voiles, et vient poster son vaisseau dans la hanche du Bucentaure. Par cette manœuvre, il rend impossible à l'ennemi de couper la ligne en arrière du Bucentaure, sans aborder le Redoutable.

 

► A 1 P.M. le Victory passe à l’arrière du Bucentaure. Les caronades de 68 livres du coté bâbord du gaillard d’avant du Victory contenant la charge habituelle d’un boulet plus un tonnelet rempli de 500 balles de mousquet tirent droit dans le château arrière du Bucentaure. Comme le Victory avance lentement, chacun des 50 canons de bâbord, tous chargés doublement, et même pour certains triplement, sont déchargés de la même façon. Les navires sont si près, que le bout bâbord de la grand vergue du trois ponts anglais, quand il roule touche l’extrémité de la corne de son adversaire. 

Les volées du trois ponts ont le même caractère destructeur que celles du Royal-Sovereign sur l’arrière du Santa Ana. Elles démontent 20 canons et remplissent les batteries françaises  de morts et de blessés.

 

►Le Prince de Joinville aspirant sur le Bucentaure  ( il n'avait que 15 ans ) raconte dans ses mémoires.
« ... Chef de la hune d'artimon, j’ai vu le vaisseau de Nelson, le Victory, passer lentement à la poupe du Bucentaure, si près que la vergue de l'un accrocha le pavillon de l'autre, pendant que les cinquante pièces du vaisseau anglais, faisant feu l'une après l'autre dans l'arrière du vaisseau français balayaient les batteries de long en long et jetaient par terre quatre cents hommes de son équipage....» ( Le vaisseau désemparé se brisa dans la tempête qui suivit la bataille. Traversant à pied l'Espagne avec les quelques survivants du Bucentaure, le Prince regagna la France.)

►Au même moment, le 80 canons français Neptune envoie sa bordée sur le Victory, et lui coupe ses bômes de focs et ses vergues de hunier. Le bossoir tribord est complètement arraché. D’autres tirs pénètrent dans l’avant du Victory à fleur d’eau, et endommagent le mat d’artimon et le beaupré.
Le Capitaine de pavillon de Nelson, Hardy, laissant le Bucentaure aux trois-ponts anglais Téméraire et Neptune qui arrivent, vire brutalement et se précipite sur le Redoutable du Capitaine Lucas.

 

► Vers 1 h. 10 m. P.M., les deux navires laissent aller l’un sur l’autre. A peine le Victory  a-t’il abordé le Redoutable, que le bosco du pont supérieur fait décharger sa  caronade de 68 livres tribord, droit sur les ponts du Redoutable. Le Redoutable, de son coté, tire avec les canons du pont principal et utilise sa mousqueterie. Sur ses hune se trouvent des pierriers, qui chargés avec de la mitraille, ont un effet destructeur sur le gaillard d’avant du Victory. En peu de minutes, plusieurs officiers et 40 hommes sont tués ou blessés. Une caronade de 18 livres installée sur la poupe réussit à détruire la hune d’artimon du  Redoutable. C’est le corps à corps des deux vaisseaux, où la fusillade est maintenant, terrible. Sur le Victory le tir est si efficace que Nelson ordonne à ses hommes et à son infanterie de marine de descendre pour préserver leurs vies. Le Redoutable prend l'avantage. Il se prépare à l’abordage.

► 1h.25 P.M. une balle vient frapper Nelson qui s'effondre. On le relève, on l'emporte. Il n'a eu que le temps de murmurer :

" Ils y ont enfin réussi ! Je suis mort… "

►Le Téméraire qui suit le Victory ouvre alors le feu sur le Neptune et le Redoutable.

► La plupart des hommes encore en état de se battre ont quitté le pont supérieur du Victory. Sur le Redoutable une grande partie de l’équipage se rassemble sur les porte haubans et le long de la passerelle de leur navire pour monter à l’abordage du trois ponts anglais. Mais une partie des hommes du Victory est déjà remontée des ponts inférieur. L’équipage français, en plus d’une opposition inattendue, constate que la courbure des coques des deux navires l’empêche de passer de l’un à l’autre, et se retire sans aborder.

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Du coté opposé le Téméraire décharge l’ensemble de sa volée à bout portant, tuant en un instant 19 hommes et en blessant 22.  Le Capitaine Lucas, quoique que blessé, demeure sur le pont. Sur le Victory. Le Captaine Adair et 18 hommes sont tués, et un lieutenant, un aspirant, et 20 hommes blessés.

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Le Redoutable entre le Victory et le Téméraire

 ►Le Redoutable continue à lancer des grenades à main, de ses hunes et de ses vergues. Certaines tombent d’ailleurs sur le Redoutable lui-même, mettant le feu aux cordages de son avant bâbord  et à ses haubans tribord. Le feu s’est ensuite propagé à la voile de misaine du Téméraire; mais les flammes à bord des deux navires sont rapidement maîtrisées. L’équipage du Victory participe à l’extinction du feu sur le  Redoutable, en lançant des seaux d’eau de la passerelle, sur les cordages et le gaillard d’avant.

►A peine le Victory s’est 'il extrait du groupe, que le grand mat et le mat d’artimon du Redoutable tombent. Cet accident stoppe définitivement la mousqueterie du Redoutable. Le grand mat du Redoutable forme comme un pont, ce qui facilite le passage et à  2 h. 20 m. P.M., une partie de l’équipage britannique emmené par le Lieutenant John Wallace second à bord du Téméraire monte à bord et prend possession du valeureux combattant que fut le Redoutable.

Le HMS Victory est hors de combat; son mat principal est tombé, et les autres mats sont sévèrement endommagés, son bastingage et sa coque sévèrement touchés. Nelson a été descendu et meurt à  16h.30.

Le HMS Victory déplore 57 morts et 102 blessés. Remorqué vers Gibraltar par le HMS Neptune, il fait voile vers l’Angleterre. Le corps de Nelson est porté à la Cathédrale de St. Paul pour des funérailles d’Etat.

 

 

Le Victory  a été conservé jusqu'à nos jours et est visible à Portsmouth, dans l'arsenal naval royal.  

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