La Touche voit enfin arriver l’escadre de De Grasse et les troupes françaises. Les officiers généraux Américains et Français vont mettre au point la première opération conjointe "terre-mer".

 

La bataille décisive

de Yorktown

 

La flotte de l'amiral François de Grasse arrive à l'entrée de la baie de Chesapeake le 30 août 1781 avec 3 000 militaires. Alors qu’il débarque armes et renforts, l'amiral de Grasse est surpris par l'amiral Grave, de la Royal Navy.( bataille de la Chesapeake, 5 septembre 1781 )

De Grasse lève rapidement l'ancre et engage la flotte anglaise. Cinq des navires anglais sont très maltraités. Puis le vent tourne, passe au nord-est, et force brutalement. Aussitôt la flotte anglaise fait porter largue et s'échappe.

Washington décide immédiatement d'attaquer Cornwallis à Yorktown (Virginie).  Les hommes et l'artillerie de Washington et de Rochambeau se dirigent à marche forcée vers le sud. Le 14 septembre 1781, ils arrivent à Williamsburg, en Virginie, pour rejoindre un petit contingent des forces américaines dirigé par le marquis de La Fayette. Le 28 septembre, Rochambeau atteint Yorktown, avec 6 000 hommes. Ils y sont rejoints par d'autres forces expéditionnaires françaises sous le commandement du marquis de Saint-Simon. 16 000 Français et Américains entament le siège de Yorktown contre les Anglais du Général Cornwallis. La flotte de l'Amiral de Grasse complète le blocus.

Jusqu'au 10 septembre, l'Hermione est à Boston pour réparer ses avaries; elle arrive donc trop tard pour prendre part à la bataille de la Chesapeake, mais participe au siège de Yorktown.

          Vendredi 28 septembre

"A 2 heures, j'ai reconnu les deux voiles en vue pour deux frégates qui tenaient le plus près. Lorsque j'en ai été à une lieue 1 /2. j'ai mis en travers et j'ai fait des signaux de reconnaissance auxquels elles ont répondu. J'ai fait porter sur elles en mettant mon numéro. Peu après, elles ont mis le leur. J'ai su par ce moyen que c'étaient les frégates la Concorde et la Surveillante. A 6 heures, je les ai ralliées, j'ai mis mon canot à la mer et je me suis rendu à bord de la Concorde. J'ai appris que l'escadre de Mr de Barras s'était réunie à l'armée de Mr le comte de Grasse le 7 de ce mois, que cette dernière était arrivée le 29 d'août, que les frégates anglaises l'Iris et le Richmond de 32 canons avaient été prises ainsi que plusieurs autres bâtiments dont le nombre se monte à 10, que le lord Cornwallis s'était retranché dans la ville d'York dont on allait commencer le siège, que l'armée navale était mouillée à l'embouchure de la rivière d’York. J'ai fait route  avec ces frégates pour l'entrée de la baie. A 9 heures, elles ont pris le bord du large pour aller reprendre leur faction et me trouvant par 9 brasses 1 /2, fond de vase, j'ai pris le parti de mouiller pour attendre le jour. J'ai relevé la pointe du N.O du cap Henry au S.S.E. à 2/3 de lieue de distance.  J'ai fait filer 30 brasses de câble."

Lundi 16 octobre

Les vents au S-O. joli frais. J'ai affourché avec une petite ancre. On a continué à faire de l'eau. On a enlevé hier au soir, deux redoutes des ennemis l'épée à la main, dans lesquelles on a fait environ 60 prisonniers; il y en a eu à peu près 30 tués. Notre part a été de 80 hommes tués et blessés et les Américains ont perdu 37 tués ou blessés. Les batteries de la seconde parallèle ont commencé à jouer.

Mercredi 17 octobre

On a appris aujourd'hui que les ennemis dans l'avant dernière nuit, avaient fait une sortie au nombre de 600 hommes, qu'ils se sont emparés d'une redoute gardée par 50 hommes dont partie a été tué et fait prisonnier. Ils ont encloué quatre pièces de canon mais ayant été chargés à leur tour, ils se sont retirés dans la plus grande confusion en laissant 19 des leurs sur la place. Les canons ont été désencloués deux heures après. 

 Les Anglais capitulent ce 17 octobre 1781 consacrant ainsi la victoire de Révolution américaine.

         Vendredi 19 octobre

"Les articles de la capitulation des places d'York et de Gloucester ont été signés ce matin à 10 heures. Sur le champ, deux redoutes des ennemis ont été occupées par nos troupes et celles des Américains. A 2 heures, l'armée du lord Cornwallis au nombre de 3 600 hommes d'infanterie, est sortie de la ville pour aller mettre bas les armes suivant l'article de la capitulation, au bout de deux lignes formées par l'armée française et celle des Américains. Après avoir subi cette condition, les troupes anglaises sont rentrées sans armes dans la place pour y demeurer jusqu'au moment où elles seront conduites par les milices américaines dans les Etats de Pennsylvanie, Maryland et Virginie. La garnison de Gloucester au nombre de 90 hommes environ, en a fait autant à la même heure. La somme totale des troupes anglaises prises à York et à Gloucester se monte à peu près à 5 000 hommes sans y comprendre 800 hommes tant tués que blessés pendant la durée du siège qui a été de 11 jours de tranchée ouverte. On évalue à 600, le nombre des tués et blessés de l'armée française et américaine. On s'est emparé de plus de 1 200 matelots anglais et de 40 bâtiments de transport dont la plupart ont été coulés par les ennemis pendant le siège. Ils ont également coulé bas, la Guadeloupe, frégate de 28 canons. La seule frégate le Fowey n'a pas été endommagée. On a pris 22 drapeaux à l'ennemi, 175 canons, 8 mortiers et obus."

La victoire de Yorktown a pour conséquence le Traité de Versailles qui sera signé en 1783, et l’Indépendance des treize colonies britannique qui deviennent les Etats-Unis d’Amérique.

        Vendredi 7 décembre 1781

"Les vents à Ouest, variables à O-N.O. joli frais. J'ai appareillé au jour, gouvernant au N-E. par 5 et 6 brasses, fond de vase. A 10 heures, l'eau a diminué tout à coup de 4 à 3 brasses et j'ai échoué ainsi que le bâtiment hollandais, sur un fond de sable vasard. Ayant sur le champ, fait passer beaucoup de poids de l'avant pour me remettre à un tirant d'eau égal, j'ai été à flot peu de moments après et je me suis retrouvé par 5 et 6 brasses. J'ai mis en travers pour attendre le bâtiment hollandais dont j'avais été forcé de larguer la remorque. L'ayant reprise, j'ai pu servir, le cap au N.B. A 11 heures, l'île Pools me restant au N. 1 /2 E. et la pointe Swan au S-S.E., la frégate a touché et s'est accostée le côté de tribord sur un banc d'huîtres, ayant 3 brasses 1 /2 sous la quille et 2 brasses 1 /2 sur le côté de tribord et 4 brasses de l'arrière. Dans le même moment, le vent ayant fraîchi de la partie du N-O., ce qui tendait à nous faire toucher davantage, j'ai fait crier au bâtiment hollandais de mouiller et j'ai envoyé une ancre à jet et un grelin, d'après l'avis d'un pilote américain que j'ai envoyé prendre dans une goélette qui passait. Après avoir consulté celui que j'ai à bord, ils se sont décidés à envoyer cette ancre à jet dans l’œil du vent pour parvenir à faire éviter la frégate debout au vent mais le vent étant trop fort, je leur ai fait représenter que cette manœuvre ne me paraissait pas devoir avoir l'effet qu'ils se proposaient et je leur ai fait dire qu'il me paraissait plus convenable de la porter en arrière, ce qui faciliterait à la frégate de se déséchouer plus promptement Mais ayant insisté sur la première de ces manœuvres, l'ancre a été portée au N-O., mais l'ancre a chassé en la  virant et les pilotes ont été forcés de revenir au moyen que j'avais proposé, mais le vent étant trop fort, j'ai pris le parti d'attendre qu'il ait calmé. A 8 heures du soir, j'ai fait porter l'ancré à jet dans l'O-S.O. par 4 brasses, fond de vase. A 10 heures, la frégate a été totalement à flot. J'ai mouillé par 5 brasses, fond de vase. Pools Island au Nord, la pointe Beacon au N-N.E."