Louisbourg

 

Dessin réalisé par le lieutenant de frégate Mullon, service historique de la Marine, Vincennes.

 Le 21 juillet 1781

Combat des frégates françaises l’Astrée et l’Hermione de 26 canons chacune , commandées par MM. de la Pérouse, capitaine de vaisseau , et le comte de la Touche , lieutenant ; contre six bâtiments ennemis.

  Les frégates l'Astrée et l’Hermione , se trouvant le 21juillet en croisière à six lieues dans le sud-est du Cap de Nord de l’île Royale , eurent connaissance à dix heures du matin d'une flotte anglaise, escortée par plu­sieurs bâtiments de guerre. Aussitôt M. de la Pérouse , commandant l’Astrée, fit signal de chasse , et, aperçut immédiatement après deux frégates qui arrivaient vent arrière en s’ éloignant de leur convoi qui serrai le vent et longeait la terre pour donner dans la baye des Espagnols dont il était peu éloigné. Lorsque nous ne fumes plus qu’à une lieue de ces frégates, elles revinrent au vent . en fai­sant des signaux de reconnaissance auxquels nous ne répondîmes point. Une corvette se détacha du convoi , et vint les , et le comte de la Touche  Commandant l’Hermione, virèrent de bord sur leur flotte, afin de les déterminer à s’en approcher pour la couvrir, mais cette flotte se trouvant beaucoup au vent, et la bordée de l’Astrée l’ayant porter à deux lieues sous le vent, elle revira de nouveau sur les trois bâtiments de guerre qui prirent chasse.. Alors trois autres bâtiments se détachèrent encore du convoi, et rallièrent les premiers qui étaient par le travers de l’Astrée un peu de l’Arrière. Cinq de ces bâtiments formèrent une ligne pour l’attendre, le sixième resta hors de portée de canon. Le comte de la Touche se tint alors très près dans les eaux de l’Astrée, et les deux frégates du Roi coururent ensemble sur l’ennemi toutes voiles dehors. Il était sept heures du soir, lorsqu’elles tirèrent le premier coup de canon ; elles prolongèrent la ligne anglaise sous le vent pour lui ôter tout espoir de finir vent arrière. Les cinq vaisseaux qui composaient cette ligne étaient l’Allégeance de 24 canons de 9 ; le Vernon, de pareille force ; le Charlestown, de 28 ; le Jack, de 14, et le Vautour de20. Un sixième, le Tompson, de 18 canons, restait constamment au vent ; M. de la Pérouse et le comte de la Touche manœuvrèrent avec tant d’habileté, que bientôt le désordre se mit dans l’escadrille anglaise. L’Astrée s’attacha particulièrement au Charlestown ; l’Hermione combattit cette frégate à son tour, après avoir tiré plusieurs bordées au Vautour et au Jack. Le combat avait commencé depuis à 6 heures et demie ; une demi-heure après, le Charlestown, alternativement battu par M. de la Pérouse et le comte de la Touche, brassa à culer ; et retomba par le travers de l’ Astrée qui lui ayant cassé son grand mat de hune, le força d’amener son pavillon. Le Jack se trouvait alors par le travers du commandant de l’Hermione, qui l’écrasa de son feu et le força à se rendre. Le combat était même engagé de manière que les trois autres bâtiments ennemis eussent été obligés d’en faire autant, si la nuit ne fut tombée si vite. M. de la Pérouse, voyant que tout annonçait qu’elle serait très obscure, ne voulut pas poursuivre l’Allégeance et le <Vernon, qui forçaient de voiles et prenaient la fuite. Les deux commandants français virèrent de bord pour amariner le Charlestown et le Jack qui restaient de l’arrière : le dernier de ces bâtiments le fut en effet ; mais le premier qui avait laissé tomber sa misaine, au lieu d’arriver pour se laisser amariner, échappa à la faveur de la nuit aux recherches du comte de la Touche qui avait viré sur lui.

Nos deux frégates se rejoignirent à neuf heures et demie. L’astrée mit en panne, dans l’espoir que le Charlestown prendrait ce parti pour se laisser dépasser ; mais elle n’en eut point connaissance à la pointe du jour, et les vents d’ouest ayant porté les frégates du Roi à quatorze lieues sous le vent de la baye des espagnols, elles firent voile pour Boston ;

Chacune d’elle perdit trois hommes dans ce combat. L’Astrée en eut quinze de blessés, et l’Hermione douze, parmi lesquels M. Gourg, officier auxiliaire, qui reçut une blessure dangereuse à la cuisse.

Source : Kerguelen Y. J. ; Relation des combats et des évènements de la guerre maritime de 1778 entre la France et l’Angleterre, Imprimerie De Patris, 1796., p 197-200

 

 Source:Guérin, Léon, Histoire maritime de France, Paris, Dufour et Mulat Editeurs, 1851, tome V, p 100-101.