Trafalgar

 

 En  cette année 1805 Napoléon  a réuni 200.000 hommes à Boulogne pour débarquer en Angleterre. Son plan est d'entraîner loin de la Manche les escadres anglaises, puis de rassembler rapidement une escadre française dans le Pas de Calais. Nous retrouvons le jeune lieutenant de L'Hermione Latouche Tréville, devenu Amiral, avec sous son commandement dix vaisseaux à Toulon. Un onzième vaisseau se trouve à Cadix, ainsi qu’une escadre espagnole sous le commandement de l'Amiral Gravina. Une autre escadre française est au Ferrol. Cinq vaisseaux de ligne sont à Rochefort sous Villeneuve. Enfin, vingt-cinq vaisseaux de ligne sont à Brest sous Ganteaume.

 ► Malgré cette apparence de puissance, les plans de Napoléon pour envahir l’Angleterre sont voués à l’échec. Même s'il avait réussi à rassembler en Manche une force supérieure à celle des Anglais, elle n’aurait jamais été capable de sortir complètement victorieuse d’un combat si près des côtes anglaises.

 

Date :

 21 octobre 1805

Emplacement :

Espagne, au large de Cadix et du cap Trafalgar.

 

 

 

 

 

Escadre anglaise

 

Escadre franco-espagnole

Amiral Nelson à bord du Victory

Amiral Villeneuve à bord du Bucentaure

27 navires de ligne
dont 7 vaisseaux de 100 canons

 

33 navires de ligne
(18 français - 15 espagnols)
dont 3 vaisseaux de plus de 100 canons

 

Pertes 

aucun navire
450 tués
1 250 blessés

 

18 navires détruits ou capturés
4 400 tués
2 550 blessés
7 000 prisonniers

 

 

 Course poursuite dans l’Atlantique.

 

► Le 18 août 1804 Latouche Tréville meurt à Toulon. Pierre de Villeneuve le remplace. C’est un officier courageux mais qui manque d’esprit de décision et n’a que peu confiance dans la plupart de ses navires.

► Dans un premier temps, tout se passe pourtant conformément au plan. Villeneuve appareille de Toulon, le 30 mars 1805.

 

► Après une course poursuite entre lui et Nelson jusqu’aux Antilles,  il est de retour en Europe, avec trois jours d’avance.

  

► Il ne lui reste qu’à rassembler les vaisseaux qui l’attendent, à Ferrol, Rochefort et Brest, et à se précipiter dans le Pas de calais.

► Mais l’Amirauté anglaise prévenue de son retour a rassemblé sous les ordres de Calder une escadre, qu’elle envoie à sa rencontre. Le 22 juillet, vers midi, au large du Cap Finisterre,  cette ’escadre formée de 15 vaisseaux de ligne rencontre celle de Villeneuve. Durant cette bataille du Cap Finisterre pour les Anglais, et des Quinze Vingt pour les Français, les vaisseaux se canonnent sans véritablement se voir. Villeneuve perd deux vaisseaux espagnols, mais peut continuer sa route vers le Ferrol .

  

La bataille du cap Finisterre ou bataille des quinze-vingt, 23 juillet 1805,  par William Anderson.

 ► Les vents sont contraires. Villeneuve ne parvient pas à passer le Cap. Renonçant à le doubler et à joindre les vaisseaux qui l'attendent, il laisse porter au sud et atterrit à Vigo le 27 juillet. 


 

Une bataille perdue d’avance

 

► Le 2 août, Villeneuve mouille à la Corogne, où il se retrouve rapidement bloqué par les 26 vaisseaux de Collingwood et de Calder.

Napoléon doit renoncer à envahir l’Angleterre. 

 

Nelson arrive à son tour d'Angleterre, quatre semaines plus tard, avec huit vaisseaux. 

► Même si, grâce aux efforts de reconstruction de Napoléon depuis 1800, la marine de guerre française est à nouveau une réalité, la guerre d’indépendance est loin. Les navires français et espagnols sont souvent en mauvais état d’entretien et mal commandés. La révolution a décimé le corps des officiers. Condamnés à rester dans les ports la plupart du temps, du fait du blocus anglais, les équipages sont peu formés à la manœuvre d’un vaisseau en mer. Les artilleurs se montrent incapables de tirer avec précision et n’ont aucune expérience du combat. Les vaisseaux espagnols ne sont pas en meilleurs condition. 

► En parlant des français, Nelson écrit à lord Melville « Ces messieurs ne sont pas habitués à ces ouragans que nous avons défiés pendant vingt et un mois sans y perdre un mât ou une vergue. ». Du coté anglais, les marins ont l’expérience de la manœuvre d’un navire et les artilleurs anglais sont capables de tirer vite et avec précision. Beaucoup ont déjà connu le combat et le succès. La supériorité de ces canonniers va être l’élément déterminant dans la victoire anglaise. Au début de la bataille, les vaisseaux de tête anglais vont subir pendants plusieurs dizaines de minutes les tirs de plusieurs vaisseaux sans pouvoir répliquer. Malgré cela, ils arrivent au contact avec des pertes relativement minimes, et parviennent alors souvent  à prendre en enfilade leur adversaire du moment, et d’une seule bordée à décimer l’équipage ennemi. Dans les duels, malgré tout leur courage, les français autant que les espagnols se voient rapidement obligés de capituler, vu l’importance des pertes. Pour les rares navires alliés qui vont se montrer à la hauteur, ce sera grâce à la qualité de leur mousqueterie comme sur le Redoutable, ou à l’audace de leurs capitaines comme sur le Pluton ou l’Intrépide.

 

 Les tactiques

   

         Nelson a décidé de faire attaquer ses navires en deux lignes, une colonne au vent conduite par lui-même, et une colonne sous le vent conduite par Collingwood. Sa colonne doit couper la ligne française juste devant le navire amiral de l’ennemi, au centre de la ligne. La colonne de Collingwood s’attaquera aux douze derniers navires de la ligne. Cette tactique va permettre de donner aux anglais une supériorité locale, leur permettant de les défaire avant que le reste des navires puissent leur prêter main forte. Nelson place en tête des deux lignes ses trois ponts.  

Villeneuve se doutait que Nelson utiliserait ce genre de tactique : 

 " L’ennemi ne se contentera pas de former une ligne de Bataille parallèle à la notre et de nous engager dans un duel d’artillerie. Il s’efforcera d’envelopper nos arrières, et de briser la ligne, de diriger ses navires en groupes, tels que ceux formés par les nôtres, après la cassure de la ligne, de les entourer et de les défaire. "

 



Villeneuve décide de livrer bataille.

A la suite de la bataille des quinze-vingt, Les gouvernements anglais et français avaient pris la décision de rappeler les deux chefs accusés de n'avoir pas fait leur devoir. Londres rappelle Calder au début d'Octobre. Villeneuve sait qu'il doit être remplacé par Rosily-Mesros. Ayant appris que Nelson a détaché 6 vaisseaux à Gibraltar, il prend la décision de sortir de Cadix et de livrer bataille si il le faut, malgré l’avis de nombre de ses officiers et de ses alliés espagnols.

 

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 On est le 19 octobre 1805. Les cloches des trente-trois vaisseaux de la flotte viennent de piquer 6 heure du matin. Le signal  " Appareillez sans autre signal " s’élève aux drisses du Bucentaure.

 

Avant la Bataille 

►A 7 h. A.M., la frégate britannique H.M.S. Sirius surveillant Cadix repère la flotte  Franco-espagnole quittant le port.  Elle envoie le signal n° 370, « les navires ennemis sont sous voiles ». Du fait du manque de vent et du peu d’expérience des marins, la journée du 19 octobre n’est pas suffisante pour la sortie des trente-trois vaisseaux de Villeneuve. Ce n’est que le lendemain, qu'il parvient à faire sortir du port tous ses vaisseaux. Il fait route vers le détroit de Gibraltar.

►Le 21 octobre au matin, Villeneuve réussit difficilement à former une ligne où chaque vaisseau suit son matelot d'avant.

►A 6 h. 30 m. A. M., Nelson fait le signal no. 13, "Préparez vous au combat". Villeneuve signale: "Ordre de bataille naturel, amures à tribord ". La brise est passée à l'ouest nord-ouest, et a encore faibli. Nelson a l'avantage du vent. Son escadre est formée en deux divisions qui doivent couper la ligne franco-espagnole, qui s'allonge sur six miles.

►A 7 h. 30 m. A. M., Villeneuve  fait virer lof pour lof,  de sorte que l'ordre de bataille est alors inversé.

 

► Le Contre-amiral Dumanoir à bord du 84 Formidable est à l'avant garde; Villeneuve toujours au centre et le Contre-amiral Magon à bord du 74 l'Algesiras à l'arrière garde. Le Duc de Gravina sur le Principe de Asturias de cent douze canons devient ainsi serre file. Les navires français mettront plus d'une heure à se remettre en ligne alors que les Anglais passent déjà à l’attaque. Une forte houle contribue au désordre dans la ligne de bataille alliée. Une dizaine de vaisseaux se laissent sous-venter.

 

► L’Amiral Dumanoir qui commande l’avant-garde va continuer sa route au Nord, laissant  les Anglais avec un avantage numérique de 27 contre 23.     

  

Les deux colonnes espacées d'un mille marin se dirigent d'ouest en est, perpendiculairement à la flotte franco-espagnol. Nelson au nord, piquant droit sur le Bucentaure de Villeneuve, et Collingwood, au sud sur le Santa Anna d'Alava. Les deux chefs de file anglais auront à subir le feu d'une demi-douzaine d'adversaires chacun. Mais si le vent est presque absent, la houle est forte et les pointeurs français et espagnols vont avoir encore plus de mal à tirer juste. 

11 h. 40 m. A.M., monte en tête du mat de perroquet du mat d’artimon le premier drapeau du célèbre message 

 "England expects that every man will do his duty " .

 

Le Victory envoie le signal "l'Angleterre attend que chacun fasse son devoir"         

 


 

A 11h. 50m. A. M., les deux flottes sont à 1 500 mètres l'une de l'autre. En réponse aux pavillons de Saint-Georges, la flotte espagnole hisse son drapeau rouge et or et la flotte française le nouvel étendard tricolore. Villeneuve envoie le signal " Commencez le combat  ".

  

 A partir du moment ou les quatre premiers vaisseaux anglais de la colonne sous le vent vont couper la ligne franco-espagnole entre le centre et l’arrière, les suivants, au fur et à mesure qu’ils arrivent traversent la ligne de navires ennemis et engagent les adversaires qu’ils trouvent. L’action atteint son point culminant vers 1 h. 30 m. P.M. A 3h. P.M. le tir commence à ralentir, et vers 5h. P.M., cesse entièrement. Des 13 navires de l’avant garde de la ligne, jusqu’au Redoutable inclus, six sont capturés et 7 vont s’échapper, quatre en serrant au vent et trois en fuyant vers Cadix. Des 20  navires de l’arrière 12 en comptant l’Achille qui explose sont pris et huit s’échappent vers Cadix. 

 

Midi : Zone 1 Le  Royal Sovereign coupe la ligne allié.

 

 

 

Le Royal Sovereign,  loin devant les autres  se retrouve au niveau du Santa Ana et du 74 français le Fougueux qui ouvrent le feu. Le Royal Sovereign va recevoir à courte portée outre leurs bordées celles de l’Indomptable, vaisseau de quatre-vingts canons, du Pluton et des espagnols San Justo  et San Leandro. 

Le Fougueux force l’allure pour fermer l’ouverture, mais il est trop tard, le Royal Sovereign s’engouffre dans la brèche, arrive sur le Santa Anna et l'écrase d'une bordée d'enfilade de ses canons doublement chargés avec une telle précision, que d’après les témoignages des officiers espagnols, il tue ou blesse plus de 200 hommes, et met hors d’état 14 de leurs canons. Puis il l'engage vergue à vergue, et concentre sur lui le feu de ses trois batteries.

►  Entre les deux trois-ponts, une vigoureuse canonnade se poursuit. Le Royal Sovereign est toujours exposé aux tirs de plusieurs adversaires. Le Fougueux, ayant viré, canonne son arrière. Sur l’avant du navire anglais, à environ 400 mètres, se tient le  San-Leandro, cependant que sur son coté tribord, à moins de 300 mètres, se trouvent le  San-Justo et l’Indomptable.

 

Le feu de tous ces navires est si nourri que les hommes du Royal Sovereign voient certains boulets se télescoper. Enfin, d'autres navires anglais arrivent et les quatre deux-ponts s’éloignent laissant le  Royal Sovereign face au Santa-Ana. En peu de temps le trois ponts espagnol perd son mât d’artimon et au bout d’une heure et quart, ses trois mâts étant passés par dessus bord, le Santa-Ana va se rendre au Royal Sovereign. Il est 2 h. 15 m. P. M..  

  0 h. 15 m. P. M., surgit enfin le Belleisle qui sous le feu de la flotte franco-espagnole a perdu 50 à 60 hommes. Courant sus, il échange quelques volées avec le Monarca, tire une volée sur le Santa Ana, coupe la ligne devant le Fougueux et passe juste derrière l’Indomptable qui laisse arriver et échange des bordées avec lui, puis vire au sud-est. Le Belleisle est alors engagé par le San-Juan-Nepomuceno, sur son coté tribord. Vers 0 h. 45 m. P.M., le grand mat du Belleisle passe par dessus bord.

1 h. P.M., le Fougueux remonte sur le coté tribord du Belleisle,  l’engage et lui sectionne le mat d’artimon.

 L’Indomptable au centre, à bâbord le Fougueux vient sur le HMS Belle Isle,  cependant qu'à tribord la Santa Ana fait feu sur le HMS Royal Sovereign

L’Indomptable au centre, à bâbord le Fougueux vient sur le HMS Belle Isle, cependant qu'à tribord la Santa Ana fait feu sur le HMS Royal Sovereign

1 h. 15 m. P.M., le Mars engage le Fougueux, qui se laisse culer et se dirige au nord vers leTemeraire.

1 h. 30 m. P.M. l’Achille vient se placer sur l’arrière bâbord du Belleisle, et entretient un tir soutenu sans que ce dernier puisse lui répondre car les débris du mât d’artimon masquent ses canons arrières.

Juste derrière le Belleisle, le Mars souffre lui aussi du feu des navires devant lui, le San-Juan-Nepomuceno, le Pluton, le Monarca, et l’Algésiras. Comme il dirige sa course de façon à couper la ligne entre les deux premiers navires, le Pluton  se place sur sa route et le combat de très près pendant une demi-heure jusqu'à l'arrivée d'un trois-ponts britannique qui menace son arrière et le contraint à renoncer à l'abordage. Serrant toujours le vent, le Pluton va combattre jusqu'à 16 heures 45, puis exécuter à 17 heures 30 le signal de ralliement général et absolu hissé à bord du Principe de Asturias de Gravina.

 Le Mars se voit obligé de venir face au vent, et laisse ainsi sa poupe exposé au tirs du Monarca et de l’Algesiras. A ce moment, heureusement pour lui, survient le Tonnant qui engage ces deux navires. 

 

LAigle, qui a pris la place du San-Juan, canonne le coté tribord du Belleisle. Le San-Justo et le San-Leandro font de même, en passant sur l’avant du Belleisle pour rejoindre l’Amiral Gravina. Le Belleisle a  perdu ses quatre mats. Ses voiles abattues masquent ses batteries, il ne peut plus riposter au feu  de ses adversaires. Seul un lambeau de pavillon anglais, cloué au tronçon de son mat d'artimon, atteste qu’il refuse de se rendre. Trois Quart d'heure passeront avant qu’il ne soit  secouru. 

 

Enfin, le Polyphemus vient entre lui et le  Neptune, ouvrant le feu. Le Defiance engage l’Aigle et quelques minutes plus tard, c’est le  Swiftsure qui attaque l’Achille. Malgré l’état de son navire, observant peu après sur son coté bâbord un deux-ponts espagnol prêt à se rendre, le Capitaine Hargood  envoie un équipage de prise sur le seul bateau qui lui reste, le grand canot, et prend possession de l’Argonauta.                                                   

 

Le Tonnant affale, et engage le Monarca. Redoutant d’affronter un navire si puissant, ce dernier abaisse ses couleurs. LAlgésiras s’efforce de passer sur l’arrière du Tonnant, qui a eu sa grand vergue et son grand mat de hune arrachés, mais le Tonnant prévient la manœuvre. Les deux navires se retrouvent accrochés l’un à l’autre.

 

 

Une canonnade intense se poursuit entre les deux navires, au cours de laquelle l’Algésiras perd son mat de misaine et le Tonnant son grand mat de hune et son mat de perroquet de fougue. L’Algésiras fait une tentative d’abordage, mais les marines du Tonnant maintiennent un tir si intense et si efficace que l’équipage français n’y réussit pas.

 

 

 

 Vers 2 h. 15 m. l’Algésiras doit abaisser ses couleurs. Un quart d’heure plus tard le San Juan Nepomuceno sous le commandement de  Don Cosme Damian Churruca blessé à mort se rend à son tour. C’est le Dreadnought qui un peu plus tard recevra sa reddition. 

 

 Cosme Damián de Churruca y Elorza, Capitaine du San Juan Nepomuceno.

 "Si vous apprenez que mon navire a été capturé, dîtes que je suis mort"

 



 0h.50m. P.M.,  Zone 3 .

 

 

Quinze minutes après le Tonnant, le Bellerophon, son matelot arrière, vient couper la ligne alliée, court droit sur l’ Aigle et prend  sa vergue de misaine dans la grand vergue de ce dernier.

  Le Bellerophon passe entre le Montanez et le Bahama et fond sur l'Aigle, d'après D. G. M. Gardner

Le navire britannique est aussi engagé par le Monarca à bâbord, qui vient de hisser à nouveau ses couleurs, considérant que sa reddition ne s’est pas faite dans les règles. Trois autres navires ouvrent le feu sur lui, le Montanez , le français Swiftsure sur son arrière tribord, et le Bahama, avec ses canons avant.

 

 

 

Vers 1 h. P.M. son grand mat de hune et son mat de hune de misaine sont coupés, et le grand hunier et la voile de perroquet prennent feu du fait des grenades à main que les soldats français lancent des hunes de l’ Aigle. Au même moment, le Colossus passe à tribord du Swiftsure qui vient juste de virer et se retrouve vergue à vergue avec l’Argonaute. Une vive canonnade s’engage alors entre le deux navires. Après dix minutes, l’Argonaute peut libérer ses vergues, et après une  brève escarmouche avec le Revenge partir vers Cadix. Le Colossus est alors engagé sur son flanc bâbord par le français Swiftsure, et par le Bahama sur son avant bâbord.

  La bataille de Trafalgar, situation à 13 h. Tableau de Nicholas Pocock

A 1 h. 40 m. P.M. l’ Aigle qui a essayé à deux reprises mais en vain d’aborder son adversaire se laisse dériver. Le Bellerophon tire quelques coups vers le Monarca qui, immédiatement abaisse ses couleurs pour la deuxième fois  et est cette fois capturé.

 

 

2h. P.M., Zone 3

 

►Sous les volées du Colossus, le Swiftsure se laisse culer, et s’efforce de virer sous sa poupe; mais ce dernier virant encore plus vite évite une grande partie de la volée, avant de tirer à son tour sa volée tribord qui fait tomber le mat d’artimon du Swiftsure. Ayant peu après perdu son grand mât, le Swiftsure fait signal qu’il se rend. Le Bahama  qui vient de perdre son grand mat abaisse lui aussi ses couleurs et se rend au Revenge. 

►Derrière le Colossus, l’anglais l’Achille après être passé sur l’arrière du Montanez lofe et l’engage. Après moins d’un quart d’heure le Montanez fait une embardée et s’éloigne. l’Achille trouve alors sur son chemin l’Argonauta. Le 74 anglais se porte sur l’avant bâbord du 80 espagnol et un combat rapproché s’ensuit qui dure une heure. L’Argonauta essaie maintenant d’établir sa grand voile pour s’échapper mais ayant manqué en cela il cesse de tirer, ferme ses sabords et abaisse ses couleurs.

LAchille va ensuite engager un duel avec le Berwick jusqu'à la reddition de ce dernier au bout de plus d’une heure.

Le Revenge vient à son tour couper la ligne ennemie, et se placer sur le travers de l'Aigle. La boom du foc de ce dernier se prend dans son hunier de misaine. Avant que les deux bateaux ne puissent se séparer, le Revenge tire deux bordées sur les joues de l'Aigle. Le Revenge continue ensuite sa route et est alors  pris comme cible par le Principe-de-Asturias. 

►2 h. P.M., le Dreadnought entre en action et reçoit le reddition du San-Juan-Nepomuceno, qui engagé successivement par le Tonnant, le Bellerophon et le Defiance n’est plus en état de se défendre. Sans essayer de prendre possession du 74 espagnol, le Dreadnought  poursuit sa route et, avec l’aide du Thunderer se porte au secours du Revenge en engageant le Principe-de-Asturias. Le français Neptune engage à son tour le Thunderer. Le Principe-de-Asturias, vire alors en direction du nord-est vers Cadix.

Le grand mat, le mat d’artimon et le beaupré du Thunderer ont été touchés, mais il n’y a pas d’autres dommages matériels. Ses pertes sont de deux marins et deux marines tués et un maître d’équipage, un aspirant, neuf marins et un marine blessés. Le Dreadnought a ses mats touchés par des tirs, mais aucun enlevé. Ses pertes se montent à six marins et un marine tués, et un lieutenant, deux aspirants, 19 marins et quatre marines blessés.

Sur le Principe-de-Asturias, au moment où il vire vers Cadix, les dégâts et pertes sont sévères. Tous les mâts du trois ponts espagnol ont été plus ou moins endommagés ce qui explique le fait que ses mâts principaux et la misaine n’aient pas résisté à la tempête qui s'est ensuivie. Les pertes en hommes sont de 41 tués et 107 blessés, y compris l'Amiral Gravina lui-même, au bras gauche. Il sera ensuite amputé, mais trop tard pour le sauver.

Son gréement et ses voiles trop abîmés pour lui permettre de poursuivre le Principe-de-Asturias, le Défiance vire vent debout vers l’Aigle, dont l'état l'a empêché de faire voile, lui aussi. Il l’aborde sans rencontrer beaucoup de résistance, et prend possession de la poupe et du gaillard, affale les couleurs françaises et  hisse les couleurs anglaises,  quand, soudain un feu intense de mousqueterie surprend les abordeurs,. Les Anglais sont repoussés à bord de leur navire. Le Defiance se place à moins de 50 mètres, et pilonne l’Aigle pendant 25 minutes avant de repartir à l’abordage et de sécuriser enfin sa prise. Plus tard il reçoit la reddition du San Juan Nepomuceno, abandonné à la dérive par le Dreadnought.

►Il est 3 h. 25 P.M. quand le Swiftsure anglais ouvre le feu sur l’Achille français qui tirait sur le Belleisle. L’Achille s’éloigne alors suivi par le Swiftsure. 

 

A ce moment 11 des 19 navires de la seconde ligne alliée se sont déjà rendus et sept se sont enfuis.

 

►Quand le Polyphemus s'avance à son tour au vent de l’Achille français, ce dernier a cessé de tirer. Le Polyphemus  l’épargne alors et part assister le Defence qui a engagé le San Ildefonso dont il obtient la reddition après une heure de combat.

Le trois ponts Prince a viré pour venir entre lAchille et le Swiftsure qui part à la recherche d’un autre adversaire.

 Dans l'épaisse fumée qui réduit la visibilité, le fracas des canons se mêle aux hurlements des blessés. La bataille n'est qu'une suite de combats individuels. Sur les ponts, gisent les corps mutilés par les canonnades et les grenades. Dans les batteries, les lourds boulets ont décimé les servants des pièces. Les pompes n'arrivent plus à évacuer l'eau. 

 

 

16 h 15 le HMS Belle Isle au premier plan , à gauche la frégate HMS Naïad, à droite avec un seul mât le HMS Royal Sovereign, à droite rasé et en feu l’Achille, derrière au fond le HMS Victory


 

 ►0h.15m. P.M. : Zone 2 :

Le Victory coupe la ligne alliée

 

Revenons un peu plus tôt et vers l’avant avec Nelson.

 

► A 0 h. 20m. P.M., le Bucentaure tire une  première volée trop courte sur le  Victory. Cinq minutes après, une deuxième volée est tirée, qui est trop longue cette fois, le Victory se trouvant alors à un mile de distance. Une troisième volée suit  presque immédiatement, qui passe au dessus du navire. Une ou deux autres font de même, jusqu’à ce qu'un tir frappe le perroquet du grand mat du Victory. Une minute ou deux de silence suit et puis au signal de l’Amiral français, le Héros, le Santissima Trinidad, le Redoutable, le Neptune ouvrent le feu sur l'Amiral anglais.

Depuis le commencement du tir, le vent est tombé. Le Victory progresse lentement vers l’intervalle entre le Santissima Trinidad et le Bucentaure, qui soutenus par le Redoutable maintiennent un feu intense, mais imprécis. Le commandant du Redoutable fait d’ailleurs monter ses chefs de pièce sur le pont pour leur montrer qu’ils tirent trop bas.

Comme il est à moins de 500 mètres par le travers bâbord du Bucentaure , le petit mat de hune du Victory est fracassé au niveau des deux tiers, un autre tir endommage le gouvernail, et le navire doit être dirigé de la Sainte-barbe. A peine deux minutes se passent, avant qu’un autre tir ne tue huit marines sur le gaillard d’arrière et n’en blesse plusieurs autres. L’amiral ordonne au Capitaine Adair de disperser ses hommes, et de les faire se coucher.

► Le capitaine Lucas, commandant du Redoutable, voyant le danger auquel était exposé le vaisseau amiral par l'éloignement de son matelot arrière, le Neptune , force de voiles, et vient poster son vaisseau dans la hanche du Bucentaure. Par cette manœuvre, il rend impossible à l'ennemi de couper la ligne en arrière du Bucentaure, sans aborder le Redoutable.   

► A 1 P.M. le Victory passe à l’arrière du Bucentaure. Les navires sont si près, que le bout bâbord de la grand vergue du trois ponts anglais, quand il roule touche l’extrémité de la corne de son adversaire. Les caronades de 68 livres chargées d’un boulet et d’un tonnelet rempli de 500 balles de mousquet tirent droit dans le château arrière du Bucentaure.

   

Le Prince de Joinville était alors aspirant sur le Bucentaure, il n'avait que 15 ans, et raconte dans ses mémoires.

 

 

« ... Chef de la hune d'artimon, j’ai vu le vaisseau de Nelson, le Victory, passer lentement à la poupe du Bucentaure, si près que la vergue de l'un accrocha le pavillon de l'autre, pendant que les cinquante pièces du vaisseau anglais, faisant feu l'une après l'autre dans l'arrière du vaisseau français balayaient les batteries de long en long et jetaient par terre quatre cents hommes de son équipage....» ( Le vaisseau désemparé se brisa dans la tempête qui suivit la bataille. Traversant à pied l'Espagne avec les quelques survivants du Bucentaure, le Prince regagna la France.)

 Les volées du trois ponts anglais démontent 20 canons et remplissent les batteries françaises  de morts et de blessés. Au même moment, le 80 canons français Neptune envoie sa bordée sur le Victory, et lui coupe ses bômes de focs et ses vergues de hunier. Le bossoir tribord est complètement arraché. D’autres tirs pénètrent dans l’avant du Victory à fleur d’eau, et endommagent le mat d’artimon et le beaupré.
Le Capitaine de pavillon de Nelson, Hardy, laissant le Bucentaure aux trois-ponts anglais Téméraire et Neptune qui arrivent, vire brutalement et se précipite sur le Redoutable du Capitaine Lucas.

 

Vers 1 h. 10 m. P.M., les deux navires laissent aller l’un sur l’autre. A peine le Victory  a-t’il abordé le Redoutable, que le bosco du pont supérieur fait décharger ses  caronades de 68 livres tribord, droit sur les ponts du Redoutable. Le Redoutable, de son coté, tire avec les canons du pont principal et utilise sa mousqueterie. Sur ses hune se trouvent des pierriers, qui chargés avec de la mitraille, ont un effet destructeur sur le gaillard d’avant du Victory. En peu de minutes, plusieurs officiers et 40 hommes, presque tous ceux qui se trouvent sur le pont supérieur sont tués ou blessés. Une caronade de 18 livres, installée sur la poupe, réussit à détruire la hune d’artimon du  Redoutable . C’est le corps à corps des deux vaisseaux, où la fusillade est maintenant, terrible. Sur le Victory le tir est si efficace que Nelson ordonne à ses hommes et à son infanterie de marine de descendre pour préserver leurs vies. Le Redoutable prend l'avantage. Il se prépare à l’abordage.

1 h.25 P.M. une balle vient frapper Nelson qui s'effondre. On le relève, on l'emporte. Il n'a eu que le temps de murmurer :

 

 

 

" Ils y ont enfin réussi ! Je suis mort… "

 

 

 

 

La position du Victory et celles  des navires voisins au moment où Lord Nelson reçoit sa blessure sont représentées sur le schéma qui suit.  

 

►Le Téméraire qui suit le Victory ouvre alors le feu sur le Neptune et le Redoutable.

► La plupart des hommes encore en état de se battre ont quitté le pont supérieur du Victory. Sur le Redoutable une grande partie de l’équipage se rassemble sur les porte haubans et le long de la passerelle de leur navire pour monter à l’abordage du trois ponts anglais. Mais une partie des hommes du Victory est déjà remontée des ponts inférieur. L’équipage français, en plus d’une opposition inattendue, constate que la courbure des coques des deux navires l’empêche de passer de l’un à l’autre, et se retire sans aborder. Du coté opposé le Téméraire décharge l’ensemble de sa volée à bout portant, tuant en un instant 19 hommes et en blessant 22.  Le Capitaine Lucas, quoique que blessé, demeure sur le pont. Repousser cet assaut a coûté  cher au Victory. Le Capitaine Adair et 18 hommes sont tués, et un lieutenant, un aspirant, et 20 hommes blessés. Des hunes et des vergues du Redoutable, on continue à lancer des grenades à main.

 

► 2 h. P.M.,le Fougueux se dirige droit sur le travers tribord du Téméraire. A moins de  100 mètres, le Téméraire ouvre le feu sur le navire français, qui dérive alors et s’accroche à lui par les gréements. Le Lieutenant Kennedy, accompagné d’une trentaine d’hommes, se précipite à l’abordage. Sur le pont du Fougueux gît le Capitaine Beaudoin, mortellement touché. L’équipage français est repoussé du gaillard par les anglais qui prennent possession du Fougueux. 

► Le grand mat et le mat d’artimon du Redoutable tombent, encombrant toute la partie arrière du navire. Cet accident stoppe définitivement la mousqueterie du Redoutable. Le Capitaine Lucas, grièvement blessé et sans espoir d'être secouru, amène son pavillon. Le vaisseau compte 487 tués et 81 blessés sur un équipage de 643 hommes. A 2 h. 20 m. P.M., une partie de l’équipage britannique emmené par le Lieutenant John Wallace, second à bord du Téméraire, monte à bord, et prend possession du Redoutable  


 

►2h. P.M. : Zone 2 :

 

 

► Le Neptune passe sur l’arrière du Bucentaure et lui envoie une bordée qui emporte par dessus bord grand mât et mât d’artimon, et tue ou blesse un grand nombre d’hommes. Le Leviathan dans le sillage du Neptune crache sa volée à moins de 30 mètres de la poupe du français, et le Conqueror fait de même.

►Le Neptune se retrouve ensuite derrière le Santisima-Trinidad dont le grand mât et le mât d’artimon tombent dans un grand bruit. 


Le Neptune lofe alors le long du Santisima-Trinidad sous le vent, pendant que le Conqueror, avec ses canons tribord, entretient un feu de loin sur lui au vent. Vers 2 h. 30 m. P.M. le mat de misaine de l’espagnol tombe à son tour, et le quatre ponts se retrouve sans moyen pour manœuvrer. Laissant le Santisima-Trinidad, le Leviathan part droit au nord-est, au devant de l'avant-garde de la flotte combinée qui est en train de virer, comme pour prendre entre deux feux la colonne anglaise sous leur vent.


3h00 PM. , le San-Augustin, un 74 espagnol a l’air désireux de se mesurer à lui. A moins de 100 mètres, il met son gouvernail à tribord dans l’espoir de prendre le Leviathan en enfilade. Déjouant la manœuvre, le Leviathan envoie sa volée avant son adversaire avec une admirable précision, à moins de 50 mètres, dans le flanc tribord du San-Augustin. Le mat d’artimon de l’espagnol s’écroule avec ses couleurs. Le Leviathan, vire à nouveau et aborde l’espagnol sur tribord d’une telle façon que la bôme d’étai de ce dernier se prend dans le gréement tribord du mat principal du premier, exposant le pont supérieur du San-Augustin aux caronades de poupe et aux marines du Leviathan. Un tir rapide et bien dirigé amène les espagnols à descendre et le Lieutenant John Baldwin, troisième lieutenant du Leviathan, à la tête d’une partie des marins et des marines, passe à l’abordage, et l’emporte sans autre opposition.

 


 

 ► Le 74 britannique, laisse la prise à elle-même, car l’Intrépide est venu l’assaillir, et cherche à l’aborder du coté tribord. Mais après un échange de tirs, il vire pour affronter l’Africa.

  3h.30m. PM, le Bucentaure navire amiral, baisse ses couleurs, et est capturé par le Conqueror.   

  

Le Bucentaure par Auguste Mayer entre peut être le Leviathan et le Conqueror. (Musée de la Marine)

 ► Les vaisseaux démâtés, collés les uns aux autres, dérivent lentement. 

Par Constable

 Collingwood est maintenant hors d'affaire. Un puissant groupe anglais comprenant le Mars, le Tonnant, le Colossus, le Bellérophon, et le Polyphemus, a dégagé le Royal Sovereign et le Belle Isle. Les vaisseaux français le Fougueux du Capitaine Baudoin, mort au combat, l’Algesiras de l'Amiral Magon, tué aussi, le Pluton, l’Aigle, le Berwick, et l’Achille qui tout à l'heure sautera comme l’Orient à Aboukir se sont défendus jusqu’au bout de leurs forces. Il leur à manqué de bons artilleurs.

 

► Zone 4 :L'avant-garde ne vient au combat que deux heures après le premier tir.

 

► A l'ouverture du feu, les 10 vaisseaux commandés par le contre-amiral Dumanoir ont continué leur route vers le nord malgré les signaux du Bucentaure à 1 h. P.M. Un quart d'heure plus tard, Villeneuve envoie l'ordre de virer de bord. Seul le San Augustin, comme nous l’avons vu est revenu vers le combat. L’Amiral Dumanoir, avec neuf vaisseaux, six français et trois espagnols, ne répond aux signaux de Villeneuve qu’aux environs de 2 h.00 P.M.. Le virement est laborieux, et ils ne sont que six à continuer amure tribord, car le Héros, le San Francisco de Asis et le Rayo ignorant ses ordres, vont très vite virer au nord vers le refuge que constitue Cadix.

► Le Formidable suivi du Scipion, du Duguay-Trouin, du Mont-Blanc, serre maintenant le vent, défilant à petite allure le long du champ de bataille, tiraillant çà et là. Infernet qui commande l’Intrépide, a prit son parti, et est sorti de la ligne en virant sur bâbord. Le Neptuno commandé par Valdes l'imite sans hésiter. Les deux vaisseaux courent sus ensemble au milieu des navires ennemis. L’Ajax et  l’Agamemnon à l’arrière de la colonne anglaise se placent aussitôt entre l’Intrépide et la colonne de Dumanoir pour empêcher toute tentative de secours.

► Alors qu’il vient juste de sécuriser sa capture, le Léviathan se voit canonné par l’Intrépide. Ils échangent des bordées jusqu'à ce que l’Intrépide vire pour affronter l’Africa qui s‘approche rapidement. Il est  3 h. 20 P.M.

► Le 64 Africa, qui avait perdu de vue la flotte pendant la nuit, se trouve au début de la bataille sur l’avant bâbord du Victory et fait pratiquement face à l’avant garde de la flotte combinée. Le Capitaine Digby se précipite vers la flotte combinée, échangeant des bordées avec chaque navire de la flotte franco-espagnole, et vire devant le Santisima-Trinidad. Ne recevant aucun tir et ne voyant aucune couleur hissée, le Capitaine Digby en conclut que le quatre ponts s’est rendu, et envoie le Lieutenant John Smith pour en prendre possession. Quand le lieutenant arrive sur le pont espagnol, et demande à l’officier qui s’avance vers lui, si le Santisima-Trinidad s’est rendu, l’espagnol répond , " Non, non," indiquant dans le même temps un vaisseau espagnol et quatre français qui passent au vent. L’officier espagnol l’autorise à retourner sur l’Africa.

► Après trois quart d’heures de combat avec l’Intrépide, lAfrica est désemparée et n’évite la reddition que grâce à lOrion qui vire alors sous la poupe du navire français et vient se placer sur son avant, entre lui et l’Africa, et maintient une si puissante et précise canonnade que en moins d’un quart d’heure le grand mat et le mat d’artimon de l’Intrépide déjà maltraités par l’Africa, tombent par dessus bord. La proximité du Conqueror, et l’approche de l’Ajax et de l’Agamemnon, ne laissent à l’Intrépide d’autre alternative que d’abaisser ses couleurs. C’est ce qu’il fait à 5 P.M., ayant été fortement endommagé et ayant subi des pertes, évaluées d’après ses officiers à près de 200 tués ou blessés.

► Infernet , conduit en Angleterre, et bientôt échangé,  fut, avec le capitaine Lucas, présenté à l’Empereur à Saint-Cloud. « Si tous mes vaisseaux, leur dit-il, s’étaient conduits comme ceux que vous commandiez, la victoire n’aurait pas été incertaine.  »

► C’est au milieu de cette confusion que le Britannia, l’Agamemnon, l’Orion, et l’Ajax viennent au devant des navires français et espagnols, qui ont viré. Le Britannia engage brièvement le San-Francisco-de-Asis, puis le trois ponts Rayo. l’Agamemnon et l’Ajax échangent, eux aussi, quelques bordées avec certains des navires alliés.

► Sur les dix vaisseaux de l’avant-garde, l’Intrépide, le Neptuno et le San-Augustin sont les seuls navires qui n’ont pas cherché à fuir. Le San-Francisco-de-Asis  a raisonnablement refusé le combat au Britannia. Le Héros, dont le capitaine a été tué, mais qui n’a subit que très peu de pertes, n’a semble t’il pas fait beaucoup d’effort pour se trouver un adversaire à sa taille. Sur le Rayo, les pertes ne sont que de 4 tués et 14 blessés.

► La remontée au vent de Dumanoir offre au Minotaur et au Spartiate une opportunité, qu’ils ont attendue en vain, en tant que les deux derniers navires de la colonne au vent.. Vers 3 h. 10 m. P.M., laissant l’Orion aux prises avec l’Intrépide ayant serré le vent armure bâbord, ils échangent des bordées avec le Formidable, le Duguay-Trouin, le Mont-Blanc, le Scipion, et le Neptuno beaucoup plus en arrière. A 4 P.M. les deux vaisseaux britanniques, se rapprochent du 80 espagnol, qui après s’être très courageusement défendu seul, se rend vers 5 h. 10 P.M. après avoir perdu son mat d’artimon, et ses petit et grand mats de hune, et subit de sérieuses pertes en hommes.

► Dumanoir et ses quatre navires passent, sans chercher à venir en aide ni à l’Intrépide ni au Neptuno. Ils échangent des tirs avec  l’Ajax et l’Agamemnon, mais refusent le combat et continuent leur chemin vers  l’Atlantique. " Pour ne pas ajouter inutilement au triomphe des ennemis de l'Empereur " expliquera t il. Quinze jours plus tard, sous le cap Vilano, non loin de la Corogne, Dumanoir et ses quatre vaisseaux seront capturés par le Commodore Strachan.

 

► Au même moment, le Victory flotte avec son avant au nord, le Bucentaure, à l’état de ponton sur son coté au vent, à deux ou trois encablures, et le  Santisima-Trinidad, une autre épave, à une distance un peu plus grande sur son coté sous le vent. A trois quart de miles derrière le Victory, se trouve le Téméraire avec ses deux prises : le Redoutable  et le Fougueux. Le Royal-Sovereign, avec seul son mat de misaine debout, se trouve sous le vent du Téméraire à une courte distance, et est en train de passer sa prise démâtée, le Santa-Ana à la frégate Euryalus.

 Le Santisima-Trinidad dont les pertes furent importantes est capturé officiellement à 5 h. 30 P.M., heure où le Prince l’aborde et le prend en remorque.

                                                      


 

La bataille de Trafalgar est achevée.

 

Trafalgar situation à 5h. P.M., de Nicolas Pocock.

Les derniers coups de canon tonnent dans le soir. l’Achille,  dans ses duels successifs avec l’Achille, le Belleisle, le Swiftsure, et le Polyphemus, a perdu son mat d’artimon, son grand mat et sa vergue de misaine. Le feu a prit feu dans sa hune de misaine. A 4 h. 30 P.M. une volée du Prince coupe en deux le mat de misaine qui tombe sur les canots du passavant qui prennent feu et enflamment le pont. Après une ou deux nouvelles  volées, le Prince se rendant compte de l’accident, met en panne. Il envoie des canots secourir l’équipage français, assisté du Swiftsure, du cotre Pickle et de la goélette l’Entreprenante. Le sauvetage est dangereux car certains canons du vaisseau français en chauffant déchargent leur contenu. Les canots du Swiftsure ont deux ou trois hommes tués ou blessés. Les pertes sur l’Achille  sont importantes, incluant le capitaine et de nombreux officiers. Il est 5 h. 45 m. P.M. quand l’Achille explose.

 

 

 

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Gravina gravement blessé a rallié onze vaisseaux de l'arrière garde et du centre: cinq français ( le Héros, l’Indomptable, le Neptune, le Pluton et l’Argonaute ) et six espagnols ( Le Principe de Asturias, le San Justo, le Montanez, le Rayo, le San Leandro et le San Francisco d’Asis ), et se dirige vers la rade de Cadix où il mouille pour la nuit.  Quatre autres fuient avec Dumanoir ( le Formidable, le Scipion, le Mont Blanc, et le Duguay Trouin ). L’Indomptable dans la nuit ira drosser la cote et sombrer.

► Collingwood, qui vient de prendre le commandement, n'a plus quinze vaisseaux en état de manœuvrer.

Du 22 au 27 octobre, le mauvais temps qui suit la bataille coule ou échoue de nombreuses prises. Le Redoutable, pris en remorque par le Swiftsure, coule. Le  Berwick sombre au large de San Lucar .

► Certains vaisseaux français et espagnols, profitent de la tempête pour reconquérir leur bâtiment, mais un seul, l’Algésiras rentrera à Cadix. Le Bucentaure  ira s’échouer près de Rota. Le Fougueux et le Monarca ont fait naufrage dès que la mer a creusé. L’Aigle sera jeté à la cote à l’entrée de Sainte Marie.

► Le 23 octobre 1805, l'amiral Gravina lui ayant transmis le commandement des navires mouillés à Rota et la flotte anglaise ayant été aperçue à l'horizon, Cosmao décide d'en profiter. En une demi-journée, il fait réparer le gréement du Pluton et et se porte à la rencontre des vaisseaux anglais avec une division composée de trois vaisseaux français : le Pluton , le Neptune et le Héros et deux espagnols : le Rayo et le San Francisco de Asis, cinq frégates et trois corvettes. La brise est favorable. Les navires alliés ne tardent pas à approcher la flotte britannique. Les vaisseaux anglais abandonnent leurs captures. Cosmao leur enlève la Santa Anna, montée par l'amiral Alava, et le Neptuno qui sont ramenés à Rota par les frégates françaises. Au retour vers Cadix, le Rayo s’échoue à Arenas Gordas, et est brûlé par les anglais;  le Neptuno s’abîme sur la côte de Puerto de Santa María.

                                           
► L'amiral Collingwood de crainte de nouvelles attaques, et le mauvais temps persistant, décide de couler ou d’incendier quatre prises: l’Intrépide, le San Augustin, la Santissima Trinidad et l’Argonauta. 

► Quand la tempête se calme, seuls quatre vaisseaux restent aux mains des Britanniques et parviennent à rejoindre Gibraltar. Ce sont les espagnols HMS San Juan , le San Ildefonso , le Bahama, et le Swiftsure, commissionné dans la Navy, sous le nom de HMS Irrésistible.

A Trafalgar 17 vaisseaux alliés ont été capturés, les 8 Français Bucentaure, RedoutableFougueux, Intrépide, Swiftsure, Berwick, Algésiras, Aigle, et les 9 Espagnols : Santissima Trinidad, San Juan Nepomuceno, San Ildefonso, Santa Anna, Bahama,  Monarca, Argonauta, , Neptuno San Augustin. L’Achille a explosé et l'Indomptable sombrera dans la nuit.

► Le 23 octobre Cosmao reprend le Santa Anna, et le Neptuno, mais ce dernier va s’abîmer  sur la cote. Le Rayo  s'échoue à Arenas Gordas et va être brûlé par les anglais.

► Le 24 le San Francisco de Asis  coule  sur la côte de Puerto de Santa María.

► Sur les cinq vaisseaux mutinés au cours de la tempête qui a suivi la bataille, seul l’Algesiras va rentrer à Cadix. Les autres sombrent ou s’échouent.

► Le 3 novembre Dumanoir rencontre l’escadre du Commodore Strachan de cinq vaisseaux de ligne et quatre frégates. Il ne peut empêcher les Anglais de s’emparer des quatre navires:  le Formidable, le Scipion, le Mont Blanc, et le Duguay Trouin.

 

La bataille du cap Ortegal par Thomas Whitcombe

Quand le Vice Amiral Rosily arrive à Cadix, il n’y trouve que cinq vaisseaux français : le Héros sur lequel il arbore son pavillon, le Neptune, l’Argonaute, l’Algesiras et le Pluton. Les cinq vaisseaux espagnols survivants sont : Le Principe de Asturias, Le Montanez le San Justo, le San Leandro, le Santa Anna.

Les navires français ne vont plus ressortir de Cadix, où ils seront capturés par les espagnols en 1808 lors du changement d’alliance. La flotte franco-espagnole a été ainsi réduite de 23 vaisseaux après Trafalgar. Alors que Napoléon écrasait la troisième Alliance à Austerlitz, ses espoirs d’envahir l’Angleterre s’évanouissaient, et la Marine anglaise s’était acquise la suprématie sur mer pour une très longue période.