Le Pluton

 Commandant Cosmao Kerjulien.


Vaisseau de 2e rang de 74 canons, de la classe du Témeraire, construit par Maillet, lancé à Toulon en 1805, 56 mètres de long 773 hommes, 28 canons de 36 livres, 30 canons de 24, 16 canons de 8 et 4 caronades de 18 livres.

 

 

A Trafalgar, le Pluton de Cosmao fait partie de l'escadre d'observation dirigée par l'amiral espagnol Gravina. Matelot arrière du Fougueux, il va se retrouver face à la ligne anglaise  sous le vent conduite par le Royal Sovereign.  Cosmao a indiqué à l'amiral Magon qui le suit à bord de l'Algésiras son intention de s'opposer par tous les moyens à un franchissement de la ligne devant lui.Il manœuvre constamment pour empêcher cette ligne d'être coupée, et pour soutenir les vaisseaux voisins du sien, qu'il voit trop pressés par l'ennemi. Lors de l'attaque de Collingwood, le Pluton ouvre le feu sur le Royal Sovereign, puis constatant que le Monarcaest en panne, il serre le vent pour s'opposer à la tentative du Mars, troisième vaisseau de Collingwood, de s'infiltrer dans le dispositif allié et le combat de très près et avec avantage pendant une demi-heure, tentant de le prendre à l'abordage après l'avoir endommagé de ses bordées. L'arrivée du Tonnant sur son arrière le force à virer.

Serrant toujours le vent, le Pluton engage alors le Belle-Isle déjà endommagé par les tirs du Fougueux. Là encore, l'arrivée du Polyphemus le force à dégager. Il porte alors aide au Principe de Asturias de l'amiral espagnol Gravina, encerclé par les Anglais, parvenant même à le dégager, puis exécute à 17 heures 30 le signal de ralliement général et absolu hissé à bord du Principe de Asturias de Gravina

Cosmao  décrit l'état de son vaisseau à la fin du combat « Ma 2ème batterie était complètement encombrée d'éclats, neuf pièces démontées, plusieurs avaient leurs bragues coupées et j'avais fait descendre pour débarrasser la batterie le peu d'hommes qui me restaient sur la dunette et les gaillards. Le vaisseau faisait deux pieds et demi d'eau bâbord armures et ne pouvait étancher sur l'autre bord, le gréement et la voilure ne tenant plus; j'avais enfin 280 hommes, tant tués que blessés.» (Extrait de Trafalgar de Rémi Monaque.)

►Les pertes officielles sont de 60 tués et 32 blessés.

La bataille perdue, à la nuit tombante, 11 vaisseaux, 5 Français (le Pluton, le Héros, le Neptune, l'Indomptable et l'Argonaute) et 6 Espagnols, se traînent vers Cadix sous les ordres de l'amiral Gravina mortellement blessé.

► Le 23 octobre 1805, l'amiral Gravina lui ayant transmis le commandement des navires mouillés à Rota, et la flotte anglaise ayant été aperçue à l'horizon, Cosmao décide d'en profiter. En une demi-journée il fait réparer le gréement du Pluton et et se porte à la rencontre des vaisseaux anglais avec une division de trois vaisseaux français: le Plutonle Neptune et le Héros et de deux espagnols : le Rayo et le San Francisco de Asis, cinq frégates et trois corvettes. La brise est favorable. Les navires alliés ne tardent pas à approcher la flotte britannique. Cosmao leur enlève la Santa Anna, montée par l'amiral Alava, et le Neptuno qui sont ramenés à Rota par les frégates françaises. Apercevant au loin des navires, il fait rentrer sa division dont l'état ne lui permet pas de risquer un nouveau combat. Au retour vers Cadix, le Rayo s’échoue à Arenas Gordas, et est brûlé par les anglais;  le Neptuno s’abîme sur la côte de Puerto de Santa María.

Cette brillante et courageuse action vaut à Cosmao, en plus du titre de Grand d'Espagne, sa nomination comme contre-amiral le 29 mai 1806. Il prend alors le commandement d'une division de l'escadre de Méditerranée.

Quand au Pluton, réfugié à Cadix en très mauvais état, il y resta jusqu'à l'insurrection espagnole de 1808 où il fut incorporé dans la flotte espagnole sous nom de Montanes et détruit en 1814 au Féréol.