L’histoire du Bonhomme Richard
John Paul Jones (1747-92) opère jusqu’en Europe, harcelant les navires marchands anglais autour des Iles Britanniques, n’hésitant pas à l’occasion à défier des navires de ligne ennemis.
En 1778, il obtient du roi Louis XVI un ancien bâtiment de la Compagnie des Indes, "le Duc de Duras" vaisseau marchand équivalent par sa taille à un vaisseau de 64 canons. Après quelques transformations, le capitaine appareille à la tête de 7 navires pour sa croisière de course.
Jones accomplit un raid en Angleterre, à Whitehaven en avril 1778. Son impact est immense, tant en Grande-Bretagne, qui se voit menacée chez elle, qu’en Amérique, où le Congrès salue l’audace de Jones.
Un peu plus tard, Jones défait une petite escadre anglaise et capture près de 200 marins et officiers, qui sont échangés contre des prisonniers américains.
Enfin, en septembre 1779, il livre une bataille navale à Flamborough Head, au nord de la Grande-Bretagne, contre un convoi de 44 navires, escorté par deux frégates (HMS Serapis et HMS Countess of Scarborough). Après un combat acharné de deux heures, le HMS Serapis se rend à Jones qui a subi de lourdes pertes. Son propre bateau, très endommagé coule deux jours plus tard. Plus de 130 hommes ont été tués de chaque côté. Jones est fêté en héros à Paris. Il revient ensuite en Amérique et le Congrès lui confie le commandement du vaisseau America, alors en construction à Portsmouth (New Hampshire).
"Une petite escadre de corsaires franco-américaine commandée par John Paul Jones rencontre un convoi britannique de quarante et une voiles. L’escorte anglaise se porte à la rencontre des alliés. A quelque distance de la côte anglaise, le combat s’engage . L’escadre corsaire est composée de cinq navires :
L’escorte anglaise est composée de deux navires : "La Serapis" une frégate de quarante-quatre canons commandée par le capitaine Richard Pearson "La Countess of Scarbourough", un navire auxiliaire de vingt pièces Pendant que le convoi s’enfuit, la Serapis et Le Bonhomme Richard débutent le combat aux alentours de 19h20 ( l’Américain subit ses premiers dommages du fait de ses propres pièces de 18 en première bordée ). La Pallas attaque la Countess of Scarbourough dont elle finira par venir à bout. Les deux petits navires corsaires ne prendront pas part au combat. L’Alliance quand à elle tire fort mal, indifféremment sur L’Anglais et l’Américain. Surclassé et isolé, le corsaire américain encaisse durement les coups de la frégate anglaise et se retrouve désarmé avec un équipage démoralisé et un navire prenant l’eau de toutes parts . A son équipage qui le supplie de se rendre, Jones répond qu’il coulera plutôt que d’amener. Il hurle alors au commandant adverse : « Je n’ai même pas encore commencé à me battre ». En dépit de l’inexpérience de son équipage, Jones se lance à l’abordage et à la deuxième tentative les navires s’accrochent. Il est 20h30. Alors que la mêlée fait rage sur les ponts, des prisonniers détenus sur le Bonhomme Richard ( les corsaires avaient fait trois prises quelque jours auparavant ) et libérés par Jones pour leur éviter la noyade semblent venir au secours des marins anglais. Jones leur ordonne alors, s’ils veulent avoir la vie sauve, de s’activer aux pompes. A ce moment seulement Landais, menaçant d’une bordée en enfilade arrière la Serapis force Pearson à se rendre. Il est 22h30. Le Bonhomme Richard ayant sombré, c’est sur la Serapis que Jones rentra triomphalement à Lorient. Ses mérites ne furent reconnus que bien plus tard par la jeune nation américaine. Pearson, bien qu’anobli pour son héroïque résistance ne devait plus recevoir de commandement. Source : http://www.histofig.com/naval |
Source: Allen J., Battles of the British Navy, London, 1852, Vol. 1, p 288-295. |
Les Classes
Pour trouver des équipages, Colbert substitue au régime de la presse, celui de la répartition des gens de mer en classes pour le service du roi. L'Edit de Nancy du 22 septembre 1673 met en place l'enrôlement général des gens de mer et crée le système des classes de la Marine. Seuls serviront sur les navires du Roi, les marins du commerce et de la pêche qui, recensés et divisés en classes, serviront alternativement un an sur trois sur les vaisseaux du roi. Ce système garantissait de facto une meilleure qualité et fiabilité des équipages. En contrepartie, la condition des marins et de leurs familles est améliorée. Les matelots sont dotés d’une solde directement versée aux familles à laquelle s’ajoutent des avantages sous forme de droits de pêche, d’instruction gratuite des enfants. Aux officiers et marins blessés et estropiés est accordé le droit à une pension appelée "demi-solde". Les bénéficiaires en furent d'abord les seuls états-majors et équipages du Roi. Le bénéfice de la "demi-solde" fut étendu dans un premier temps en 1703 aux marins blessés à bord des navires de courses puis dans un second à tous les hommes assujettis au service des classes, c'est-à-dire à tous les marins du commerce et de la pêche par un édit de mai 1709. Ce dernier élargit le régime de la demi-solde en assimilant les infirmités de l'âge aux infirmités reçues à bord pour l'ouverture des droits à pension.
Pour l'armée de terre, du XVIème siècle à la Révolution, le roi dispose d’une armée de métier et le recrutement des hommes repose sur le volontariat. Cependant, vu l’insuffisance du volontariat, une armée auxiliaire est créée pour servir en renfort : il s’agit de la milice (1688). Le recrutement de la milice se fait par tirage au sort parmi les célibataires et les veufs sans enfants âgés de 16 à 40 ans, pour un service d’une durée de 2 ans. Toutefois, de larges exemptions s’appliquent en faveur de certaines classes sociales et les remplacements sont tolérés. Ce système est très impopulaire à cause des abus qu'en faisaient les agents du roi et de son caractère inégalitaire : seuls étaient astreints à servir les paysans et manouvriers pauvres. Cette milice est appelée également "provinciale", mais aussi "de terre", avant de devenir officiellement "troupes provinciales" à partir d'une ordonnance du 4 août 1771.
Elle se compose des hommes que chaque paroisse doit fournir et équiper (nombre en fonction de sa taille). Ils sont enrôlés en principe pour sept ans. La milice est abolie en 1791. En temps de paix, le service du milicien se résume à 15 jours par an pour la durée de son enrôlement. En temps de guerre, en principe d'une durée de 7 ans, le temps de service pouvait s'allonger jusqu'à la paix.
A ce sujet, je vais laisser un de mes ancêtres, Nicolas Grégoire, vigneron à Sierck-les-Bains (1750-1843) vous faire le récit d'un tirage au sort qui le conduira à embarquer sur La Concorde à Toulon.
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"Le mois de janvier 1770 fut particulièrement froid, il y avait une couche de trente centimètres de neige et le vent soufflait avec force. On fermait avec soin les portes et les fenêtres et les pauvres petits oiseaux venaient sur le rebord de la fenêtre ou contre la porte siffloter pour demander un peu de nourriture et je leur donnais tous les matins du petit blé et des marcs de raisin dont les merles aimaient tant les pépins. Aussi devant notre porte était le rendez-vous de toute la gent ailée. La Moselle était pleine de glace et les gamins en profitaient tant et plus ; et même dans les villages des environs des loups paraissaient en bandes et ces bêtes constituaient un véritable danger.
Mon père et moi avions tout mis en ordre dans la vigne et dans la cave, l'eau-de-vie était distillée, de sorte que nous pouvions tranquillement fumer notre pipe et nous reposer ; j'allais tous les jours chez les Montenach et là on causait de toutes sortes de choses, hors la politique qui les intéressait peu et de temps en temps on faisait un tour de cave pour remplir les tonneaux et déguster les divers crûs et variétés, car chaque vigneron cultivait pour son usage dans la meilleure exposition, un lopin de vigne d'une race supérieure comme pinot, auxerrois, riesling, lequel vin était réservé pour la bouteille ou les grandes occasions.
Les premiers jours de février furent encore froid, mais peu à peu le temps se radoucit, la neige fondit doucement sous l'action du soleil et la débâcle des glaces se fit sans encombre ; c'était un grand réveil de la nature et tout le monde était dans les jardins en train de bêcher et tailler les arbres. Chacun espérait une bonne année.
Seulement une chose me contrariait, c'est que je devais faire partie de la milice cette année et je n'osais pas le dire à Anne-Marie de peur de lui faire de la peine, mais on m'annonça le 20 février que tous les jeunes gens en état de tirer au sort ou veufs sans enfants aient à se présenter à l'hôtel de ville pour se faire inscrire pour le service des troupes provinciales.
J'allai me faire inscrire et recommandai à mes parents de ne rien dire à la famille Montenach. Mais le premier mars, l'ordre vint de se trouver vendredi le 14 du mois de bon matin à Thionville pour tirer au sort et qu'à cet effet ceux qui doivent tirer seront toisés, devant avoir cinq pieds sans chaussures, ainsi que ceux qui prétendent avoir des moyens d'exemption seront examinés par M. le subdélégué de Thionville avant le tirage.
Je ne puis donc m'empêcher de faire part à Anne-Marie de tout ce qui se passait, celle-ci se mit à pleurer en disant qu'elle ne voulait pas que je sois soldat et me serrait fortement les mains.
Le soir, le père Montenach, Matthias et Anne-Marie vinrent chez nous et il fut décidé que l'on ferait une pétition en alléguant que j'étais indispensable à la maison vu la grande surface de vignes que nous avions à cultiver et que par ce fait mes parents ne pouvaient se passer de moi à moins de vendre une partie de leurs propriétés ; puis le lendemain j'allai trouver M. Decamp, le régent d'école ; je lui soumis la chose tout en le priant de passer le soir chez nous pour rédiger la pétition. À l'heure indiquée M. Decamp vint chez nous et rédigea la pétition que je portai le lendemain à la subdélégation de Thionville et le père lui donna un litre d'eau-de-vie pour sa peine.
Ces quatorze jours se passèrent bien vite et j'étais devenu tout triste, ne pouvant à peine croire à tous ces événements qui se précipitaient et à la maison tout le monde était triste. Anne-Marie ne pouvait y croire et la veille du départ elle me remit une médaille bénite, m'assurant qu'elle me porterait bonheur.
Quant à ma mère elle me préparait un petit paquet et mon père écrivait une lettre que je devais remettre à son beau-frère à Thionville. Ce même soir on devait se rassembler chez Idlinger au Tonneau d'or où il fut convenu que le lendemain matin à quatre heures on se réunirait sur la place du Marché pour partir à Thionville.
Nous étions vingt-trois dont treize de première année et dix de seconde année.
Le lendemain je me levai à trois heures du matin, je fis ma toilette et entre-temps mes parents s'étaient levés, ma mère me fit prendre une panade et un œuf, et après que j'eus pris le paquet qu'elle m'avait préparé, ainsi que la lettre qu'elle me remit, mon père me donna un écu de 6 livres pour faire face aux dépenses, et prenant mon bâton, je les embrassai tous deux et me rendis au lieu de rassemblement ; il en venait de toutes les rues et finalement nous fûmes au complet.
Le sieur Menon, échevin de la Ville, devait nous conduire à Thionville et remplacer le maire ; il nous fit mettre en ligne et l'appel commença comme suit :
1. Michel Engelmann
2. Michel Barthel
3. Étienne Chevalier
4. Jean Dock
5. Nicolas Grégoire
6. Jacques Engelmann
7. Jacques Montenach
8. Jean Odem
9. François Préviot
10. Pierre Jung
11. Jean Hames
12. Valentin Moriau
13. Jacques Hermann
plus les noms des miliciens de deuxième année.
L'appel terminé il nous mit en colonne de quatre hommes et Mazaret l'appariteur, qui était tambour, prit la tête de la colonne qui défila à travers les rues de Sierck tambour battant. Tout le monde marchait au pas et on était joyeux. On se racontait des farces. D'autres chantaient et à l'entrée de chaque village que l'on traversait on formait les rangs ; le tambour battait et on se croyait déjà de vieux soldats. Le père Menon qui avait peine à nous suivre était fier de son peloton.
Arrivés à Koenigsmacker on fit halte à l'auberge Seideler pour prendre la goutte et casser la croûte et après une demi-heure de repos, on se remit en marche et vers huit heures nous arrivâmes aux portes de Thionville et après s'être brossé les habits et mis les cheveux en ordre nous formâmes nos rangs et tambour en tête nous fîmes notre entrée à Thionville. Le père Menon était fier de commander à une si belle troupe et il tenait sa canne contre l'épaule comme un sabre de cavalerie.
Comme convenu nous allâmes à l'auberge Klein sur la place du Luxembourg. Klein était mon oncle, vu qu'il avait épousé la sœur de ma mère et me voyant entrer, il appela ma tante ; tous deux m'embrassèrent et me demandèrent des nouvelles de la famille.
Je remis la lettre à l'oncle et lui dis que tout allait encore pour le mieux chez nous, alors l'oncle voulut que je mange avec eux à table, mais je refusai en disant que j'étais venu avec les camarades et que je voulais rester avec eux et en outre ils avaient tellement à faire depuis quelques jours avec la masse de monde qu'amenait la conscription qu'ils ne savaient où donner la tête, car tous les miliciens du bailliage venaient tirer au sort à Thionville.
Pendant que nous parlions mes camarades s'étaient installés sur les bancs devant et derrière la table et avaient commandé cinq ou six Moos de vin et mangeaient de bon appétit les victuailles qu'ils avaient apportées.
Comme les communes étaient appelées par ordre alphabétique, Sierck venait presque dans les derniers, aussi était-ce aujourd'hui le troisième jour de la conscription et après que M. Menon se fut enquis de l'heure où nous passerions, il revint nous annoncer que nous devions nous tenir prêts pour dix heures, tout en nous recommandant de bien nous tenir ensemble afin de ne pas occasionner de désordre.
Vers dix heures moins le quart nous nous rendîmes sur la place devant l'hôtel de ville où il y avait une cohue incroyable de boutiquiers et de miliciens, les uns criaient, les autres juraient, d'autres chantaient quand le gendarme vint sur le perron et appela "Commune de Sierck", et aussitôt l'échevin nous fit monter les escaliers où nous entrâmes dans une grande salle au premier étage et, après s'être assuré que personne ne manquait, l'échevin entra dans la chambre de la commission de recrutement. Quant à nous, on commença à se déshabiller pour rentrer l'un après l'autre par ordre alphabétique dans la salle de révision, les habits pendant ce temps étaient sous la garde de deux gendarmes. Lorsque mon tour vint, j'entrai et je vis à droite devant deux fenêtres une table assez longue autour de laquelle était le capitaine de recrutement, le subdélégué du tirage, le chirurgien-major de la place, l'échevin Menon et un soldat greffier qui écrivait.
Aussitôt on me fit passer sous la toise et le soldat appela : cinq pieds six pouces, puis le chirurgien major m'examina attentivement et murmurait "quelle carrure, quels muscles" et il dit "doit tirer au sort", sur ce, je sortis pour faire place aux suivants et me rhabillai.
Quand tous eurent passé on fit entrer ceux qui avaient fait des réclamations, que l'on examinait et quand arriva la mienne l'échevin Menon dit que mon père était bourgeois et pouvait se trouver des ouvriers pour l'aider, de sorte que n'ayant pas été trouvée fondée elle fut rejetée ; on me présenta un sac dans lequel je plongeai la main et en retirai un numéro que je présentai au soldat et qui dit d'une voie claire "A tiré le numéro un" et j'entendis le capitaine de recrutement dire "Pour la cocarde, bon pour le service". J'étais plus mort que vif et je me dis : que vont dire tes parents et Anne-Marie quand tu leur annonceras pareilles nouvelles ; mais je me repris vite et descendant j'annonçai aux camarades que j'avais amené le numéro un, aussitôt on me porta en triomphe, car c'était un honneur de tirer ce numéro et l'échevin Menon me remit trente sols de prime de la commune et les camarades devaient me goberger gratis toute la journée, tel était l'usage. Aussitôt prirent-ils mon chapeau et y firent fixer par un boutiquier une grande cocarde blanche avec le numéro un au milieu et deux grands rubans blancs qui me pendaient jusqu'au milieu du dos et, ainsi affublé je retournai chez l'oncle Klein.
Chemin faisant je voyais les conscrits qui se retournaient et me regardaient en disant : en voilà un qui a la cocarde, il en a sûrement pour neuf ans, car regarde comme il est bâti.
Sur treize miliciens il y en eut neuf qui tombèrent au sort, les autres furent remis ou exemptés. En rentrant l'oncle et la tante me regardèrent d'un air stupéfait et voyant mon numéro, ils me consolèrent en me disant que ce n'était pas plus mauvais d'être matelot que fantassin, car à cette époque les sept premiers numéros étaient pris pour la marine. Mon oncle me dit que de son temps ayant tiré le numéro cinq, il avait fait cinq ans aux Indes et que c'étaient les plus belles années de sa vie.
On se mit donc à table, car il était déjà une heure et tout le monde avait faim et on nous servit une soupe suivie d'un bon morceau de bœuf et de la saucisse avec de la choucroute, le tout arrosé d'un verre de Gréchen, car l'oncle prenait tout son vin chez nous, et après avoir allumé sa pipe on se sentait mieux à l'aise. Les camarades vinrent me chercher pour aller prendre un verre et faire le tour de la ville avec eux, et partout c'était eux qui payaient. Vers six heures on revint chez l'oncle et après avoir mangé du pain et du fromage et bu quelques Moos de vin, l'échevin Menon rassembla son monde et avant qu'ils fussent tous réunis il était sept heures.
Je fis mes adieux à l'oncle et à la tante et les remerciai et après que l'oncle m'eut donné une commission pour mon père relativement à un achat de vin, on se forma en rang et je dus prendre place à côté de Mazaret et au son du tambour nous quittâmes Thionville.
Arrivés à Kœnigsmacker, nous fîmes halte et nous rentrâmes à l'auberge du Mouton d'or où on se fit servir quelques Moos de vin, or dans cette auberge se trouvaient réunis certains miliciens de Koenigsmacker et des alentours qui avaient déjà tiré au sort la veille et qui étaient bien pris de boisson, aussi cela ne dura pas longtemps et on eut des différends qui bientôt dégénérèrent en disputes ; mais les Sierckois ne se laissèrent pas insulter et bientôt un corps à corps s'engagea et ceux qui ne trouvèrent pas la porte passèrent par la fenêtre et les Sierckois restèrent maîtres, mais un malheur était arrivé et les deux peaux de tambour étaient crevées et la corde avait disparu, de sorte que l'on dut continuer son chemin en silence, mais par une quête faite entre nous on ramassa quatre livres, quinze sols, neuf deniers que l'on remit au tambour Mazaret pour remettre à neuf deux peaux et la corde de la caisse des miliciens.
Il était minuit quand les miliciens arrivèrent à Sierck et après l'appel de Menon, chacun regagna son logis.
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Tactiques navales
Le XVIIIème siècle constitue une époque charnière. Jusque là, les navires de guerre se mettent en ligne les uns derrière les autres, à une distance variant d'une soixantaine de mètres (une longueur de navire), à cent quatre vingt-cinq mètres (une encablure). Cela leur permet de produire une puissance de feu maximale en présentant leur flanc à la flotte adverse.
Cette formation permet aussi d'offrir aux bâtiments une certaine sécurité, chaque vaisseau étant protégé par ses matelots d'avant et d'arrière contre les feux d'enfilade. L'action se réduit souvent à une canonnade entre les deux lignes, mais l'honneur est sauf.
Dans la marine anglaise, les 21 instructions tactiques, inchangées depuis le milieu du dix septième siècle interdisent toute initiative individuelle. Il ne faut engager la bataille que lorsque la ligne de navires est bien formée, parallèle à la ligne ennemie. Des officiers supérieurs sont passés en cour martiale et certains ont même été exécutés pour n’avoir pas suivi à la lettre les Instructions de combat. C'est la tactique adoptée par Graves lors de la bataille de la Chesapeake sans succès.
En France, dans sa "tactique navale ou Traité des évolutions et des signaux", parue en 1763, Bigot de Morogues réactualise les règles édictées par le père Hoste. Le père Paul Hoste (1652-1700) insistait sur la nécessité, pour une ligne de navires, à se tenir le plus près possible du lit du vent afin de garder une manœuvrabilité maximale et l’avantage offensif. Très manœuvrants, les vaisseaux au vent peuvent plus facilement aborder les vaisseaux ennemis et même passer à travers la ligne adverse pour se retrouver derrière elle.
La position sous le vent comporte elle aussi des avantages. Les navires sous le vent peuvent aisément capturer les navires désemparés qui se portent naturellement vers eux. Ils peuvent laisser leurs sabords inférieurs ouverts plus longtemps et disposer ainsi d’une puissance de feu supérieure. Les navires endommagés peuvent faire retraite aisément.
Mais les choses vont évoluer très vite, et près de Saintes, le 12 avril 1782 l’Amiral Rodney réalise une manœuvre encore jamais réalisée en combat naval. Il fait virer ses navires de 90 degrés, coupe la ligne française désorganisée en quatre endroits, et obtient ainsi la victoire.
23 ans plus tard à Trafalgar, Nelson va de la même façon disloquer sa ligne et lancer ses navires par le travers de celle de l'ennemi, la tronçonnant ainsi en éléments isolés plus faciles à réduire. Cela ne fut possible que grâce à la supériorité incontestable des canonniers anglais.
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La Marine américaine dite marine continentale
Face à la puissance britannique, les États-Unis sont bien démunis sur mer. Chaque État s’est doté d’une petite flotte de navires de guerre. Les plus puissants sont de simples frégates à deux ponts armées d’une cinquantaine de canons, dont les coques ne peuvent en aucun cas supporter les projectiles des vaisseaux de ligne anglais.
Le 13 octobre 1775, le Congrès américain charge un Comité de la Marine, de créer une flotte de guerre. Deux bataillons de Marines sont créés le 15 novembre 1775. Pour les équipages, Hopkins fait appel aux marins et officiers qui ont servi dans la Navy. Un grand nombre de petites frégates, corvettes, bricks et autres goélettes est mis à l’eau pendant le conflit. La corvette est un bâtiment plus petit que la frégate, très légère, avec un seul pont, et armée d’une quinzaine de canons. Le brick et le brigantin sont des voiliers d’environ 25 mètres, à deux mâts, plus petits que la corvette, mais plus rapides et maniables. Un seul vaisseau de 74 canons, l’America, est construit. Pour l’armement, les Insurgents se tournent vers la France.
En février 1776, le Commodore E. Hopkins prend le commandement d’une petite escadre de six navires lui appartenant (le Wasp, le Columbus, l’Andrew Doria, le Cabot, le Providence, l’Alfred).
Le Congrès dispose de six autres escadres, constituées autour des frégates Alliance (commandée par Pierre Landais), Confederacy (Seth Harding), Bonhomme Richard(John Paul Jones), Hancock (John Manley), Warren (John B. Hopkins), et Randolph (Nicholas Biddle). Elles vont être pour la majorité affectées à l'Atlantique pour harceler les navires anglais. La guerre de course est alors la meilleure façon de nuire au commerce anglais aux Antilles et dans les colonies nord-américaines. Le plus célèbre de ces officiers est John Paul Jones (1747-92). Il opère jusqu’en Europe, harcelant les navires marchands anglais autour des Iles Britanniques. (Bonhomme Richard) . Cette guerre de course est aussi l’œuvre de petits navires « privateers », appartenant à des armateurs privés. Ces équipages corsaires sont le plus souvent encadrés par des officiers de marine.
Dans la deuxième guerre d’indépendance, les Etats Unis se retrouvent seuls face à la puissance de la Marine anglaise. Ils ne peuvent aligner qu’une vingtaine de vaisseaux, dont six frégates, contre une centaine de vaisseaux anglais, dont 11 vaisseaux de ligne et 34 frégates.
Forces en présence | |
Grande Bretagne
•Vaisseaux de ligne : 11 |
Etats Unis
•Frégates :6
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-
La marine continentale reprend sa tactique de harcèlement des convois anglais croisant dans les Antilles et en Atlantique. Des duels eurent lieu, mettant aux prises frégates anglaises et américaines, à l’avantage bien souvent des frégates américaines de 24, plus lourdes et mieux armées.
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Armement
Jusqu’à la fin des guerres napoléoniennes, à bord des frégates, l'Angleterre dispose, comme la France, d’une gamme de calibres caractérisés par le poids en livres de leur projectile, un boulet massif en fer : 4, 6, 8, 12, 18, 24; la livre anglaise étant plus légère que la livre française.
Les Anglais, d'une façon générale emploient une artillerie moins lourde, plus facile à manœuvrer et qui autorise des cadences de tir plus élevées.
La caronade apparue en 1779 change les tactiques d'artillerie. Elle est plus facile à manœuvrer, plus légère, car avec la moitié du poids et de la longueur d'un canon normal, elle tire des boulets de la même taille. Autres avantages; l'absence de recul et la possibilité de pivoter pour être orientée en tir à 360°, permettant de repousser un abordage. C'est l'arme anti-personnel par excellence. Malgré une portée utile faible de 150 mètres, les gros sacs de mitraille font des ravages dans les rangs des fusiliers marins et des matelots adverses, mal protégés lorsqu'ils se tiennent sur le pont supérieur.
Les anglais les ont mis très rapidement en service sur tous les navires de la Royal Navy. La France, elle tarde à adopter ce type de canons, et ce n’est qu’à partir de 1794 qu’elle développe ses propres modèles. Les vaisseaux anglais vont avoir durant presque 15 années un avantage certain sur la marine française dans les combats rapprochés.